De Tradition Orale et Histoires Traditionelles aux Histoires Ecrites et Nouvelles
l'Importance de l'Illustration de la Litterature pour la Jeunesse
ASSOCIATION PANAFRICAINE DES ECRIVAINS ET ILLUSTRATEURS DE LIVRES POUR ENFANTS
Presentation : Dominique Mwankumi
Introduction
Mesdames, et Messieurs,
Permettez-moi, tout d’abord, de me joindre à tous les intervenants qui m’ont précédé pour exprimer à cette prestigieuse institution IBBY section Rwanda, nos remerciements et la gratitude de nous avoir permis de participer à ce forum qui réunit, des spécialistes, d’éminentes personnalités, des professionnels de la littérature de jeunesse à travers le monde, et de profiter des fruits de leurs expertises.
Il est heureux que périodiquement IBBY qui nous accueille aujourd’hui, invite ses partenaires à une réflexion collective d’évaluation.
Notre propos concernera le survol de quelques pays de l’Afrique Francophone, l’apport d’illusafrica et l’impact de la nouvelle génération d’auteur-illustrateur sur le plan international.
En effet, il est difficile pour quiconque de mener des recherches sur l’iconographie des livres pour enfants africains, de trouver la documentation nécessaire comportant une approche chronologique. Ceci s’explique par le fait que la notion de livres illustrés pour enfants en Afrique est très récente et la documentation appropriée est pour la plupart du temps, éparpillée en occident, où les livres pour enfants correspondent à des produits éditoriaux facilement identifiables. Ils font de plus en plus l’objet de recherches et d’études.
En Afrique par contre, la notion consacrée de la chaîne du livre se traduit par des carences sur tous les maillons. Nous sommes intimement convaincu que, par delà les projets qui ont déjà vu le jour sur le continent, la formation est l’une des réponses les plus prometteuses au besoin d’efficacité pour tous les acteurs de la vie socioculturelle. En l’occurrence notre priorité va aux auteurs et illustrateurs africains de livres pour la jeunesse.
En ce début du 21 ème siècle, l’image possède une valeur ajoutée qui en fait un produit commercial. On doit désormais parler aussi de capitalisation dans le domaine des industries culturelles.
Aussi m’a-t-il semblé utile de privilégier, dans ma contribution aux débats de ce forum, une réflexion, aussi modeste soit-elle, en terme de soutien opérationnel à l’émergence d’une littérature de jeunesse en Afrique.
Bref rappel historique
« Un bon tiers de l’humanité est analphabète » Selon le poète et penseur H.M. Enzensberger. Cependant, ceux que l’on appelle « analphabètes » ne sont pas pour autant dénués de culture : leur culture est orale, souvent millénaire et comporte des trésors de sagesse, d’art de vivre. Le dessein de cette intervention est de souligner la beauté de ces langages minoritaires qui tendent à disparaître et de dénoncer notre effarant manque d’attention aux « autres » qui sont aussi nos « proches ».
« Au commencement, écriture et image ne faisait qu’un » On le remarque en Egypte, dans les illustrations, qui accompagnent les livres des morts. Une valorisation par le contenu que l’iconique complète par la richesse de la coloration et un montage serré qui rapproche l’image du texte.
Par ailleurs, cette idée s’enrichissent de valeurs symboliques (l’idéogramme : un signe - une idée) et puis, surtout, entament leur dialogue avec l’oral (le phonogramme : un signe - un son) qui a pour effet d’accentuer le processus d’abstraction.
Libéré de ses références figuratives, le langage écrit est assimilé à un code complexe qui nécessite une initiation et dont la maîtrise assure un pouvoir. Et ce, d’autant plus que l’écrit réglemente des secteurs-clés de la société : le commerce, la religion, l’administration, les sciences.
Avec l’invention de l’alphabet (2e et 1er millénaires) qui fonde l’économie de nouveau système de communication, la rupture est consommée : l’écriture ne « montre » plus le monde, elle le « parle ».
Préexistence de l’imagerie en Afrique
Bien avant l’arrivée des Européens, l’image a existé sur plusieurs supports et connus des périodes fastes à l’exemple des parois des pyramides en Egypte, des ornements de palais, des tissus Kuba, des tapas des pygmées. Toutefois, l’image garde une fonction sacrée (magico -religieuse) et utilitaire.
« Des politiques de reconnaissance culturelles et historiques des différences laissent moins de place aux dérives de l’imaginaire, et il vaut mieux tenir compte de la mémoire et de l’histoire des individus et des groupes que de laisser déraper les identifications » relève Michel Wievisrka.
La tradition et la pérennisation d’une manière de faire qui marque l’identité culturelle ne seront pas un obstacle à la volonté de réinventer des productions habituelles dans le domaine de la littérature jeunesse. Un relais d'une culture orale qui a par trop tendance à disparaître, le livre enfantin peut perpétuer l'enseignement familial de jadis et créer un imaginaire novateur.
L’idée de rassembler les activités de formation, de conférences, d’animation, d’édition et d’expositions des auteurs et illustrateurs d’origine africaine. C’est un puissant outil culturel.
Aussi est-il temps de constituer une bibliothèque de littérature enfantine africaine qui répondrait aux aspirations des Africains d'aujourd’hui : l'enracinement dans la tradition africaine et les regards portés sur la modernité. Cette dualité, la littérature africaine
l' exprime depuis longtemps.
La Période Coloniale
La période Coloniale est caractérisée par une imposition d’imagerie occidentale dans la culture africaine. Les écrits de l’époque expriment la fascination de la nature vierge su les voyageurs issus d’un monde déjà industrialisé, celle qui s’exerce sur un homme « libre » dans un environnement « sauvage » et « exotique ».
Cette image spécifique de l’époque est porteuse d’un exotisme très ambigu. Les artisans africains sont réduits à de simple auxiliaire. Ce regard contribue très largement à substituer pour quelques décennies, une culture écrite à une culture traditionnelle orale.
La littérature jeunesse africaine aujourd’hui
En effet, vouloir oeuvrer dans la littérature de jeunesse en tant qu'auteur ou illustrateur, ne
s'improvise pas. Il y a des exigences et des normes qu'il faut connaître. Chercher la meilleure attitude, la plus efficace, celle qui aura le plus d'impact sur le lecteur…
L’écriture ou l'illustration est un don qui se perfectionne, se cultive au contact avec les professionnels et son environnement. C’est à ce moment dont on parlera d’artistes africains.
L’actuelle évolution dans le domaine de la littérature de jeunesse se traduit à travers les publications des auteurs et illustrateurs africains confirmés sur la scène internationale telles que ; Véronique Tadjo, Meshak assaré, Christian Kingué Epanya, Hassan Musa, William Wilson, Dominique Mwankumi, Barly-Baruti. Leur savoir-faire contribue à l’émergence d’une génération d’illustrateurs et d’auteurs qui portent en eux l’espoir et l’avenir d’une édition pour l’enfance africaine.
« Cette appellation commune d’artistes africains prend alors un autre sens. Celui de voir émerger et d’encourager une génération d’illustrateurs et d’auteurs qui portent en eux l’espoir et l’avenir d’une édition pour la jeunesse africaine en train de naître et faite de ce bel alliage d’héritage et de traditions, de modernité et d’invention. Que les enfants d’Afrique puissent être les premiers bénéficiaires de ces livres. Que ces livres qui portent sur le monde un regard neuf franchissent les frontières pour s’offrir à nos yeux trop souvent pochés d’œillères ».
Dominique Tabah Directrice de la bibliothèque de Bobigny in Exposition D’images d’Afrique 2 déc – 5 fév 2000
ILLUSAFRICA
« Ce que la vie attend de vous, ce n’est pas que vous trouviez des raisons pour expliquer
vos difficultés et vos défaites, mais que vous trouviez les moyens de résoudre vos problèmes
et de gagner des victoires »
La création de ILLUSAFRICA résulte d’une prise de conscience de la part de quelques artistes africains créateurs de livres pour enfants, d’essayer de donner de réponses durables en Afrique, face à la problématique de la littérature de jeunesse, dont les enjeux ne sont plus à démontrer. Dans cette optique, notre ferme conviction est de changer l’image des enfants soldats arborant de « kalachnikovs » ou celle des enfants de rue mendiants, à celle des enfants joyeux, lisant de livres de qualité.
En effet, que peut-on faire dans le monde moderne si on ne sait pas lire ni écrire ?
Dans un monde régit par les concepts de la mondialisation et celui de TIC, que deviendrons les enfants de demain, si on ne leur inculque pas le goût de la lecture et la maîtrise de l’écriture ?
Même si en Afrique, la littérature de jeunesse reste encore un domaine marginalisé et quasi non structuré, néanmoins elle demeure un puissant relais culturel et un auxiliaire pédagogique incontestable. Depuis des années, bon nombre des enfants africains se sentaient souvent frustrés par leur non -représentation dans les manuels de lecture qui leur étaient imposés.
« Stories in action » Dominique Mwankumi
Par le biais de temps de pratique artistique accompagnés par ces créateurs. Dominique Mwankumi dessine et raconte simultanément l’histoire de “Maïsha et Katika”. l’Oral et le graphique se nourrissent, se complètent, captent l’attention de l’auditoire, lui fait entrevoir des horizons, des images que son imaginaire s’approprie. Les enfants, les parents reproduisent ensuite des moments de l’histoire, analysent les couleur et le dessin, les confrontent...Une communauté de créateurs se met en place, l’oeuvre commune peut commencer...
En effet, cette activités, peuvent être possible grâce à l’intervention des différents partenaires, a pour ambition de créer une effective dynamique continentale, rendant particulièrement lisible et évident l’apport que peut constituer cette présence artistique.
Un artiste
Le travail de la couleur associé à des textes simples et justes à la fois concourt à raconter la vie des enfants d’Afrique dans sa dimension ludique, réaliste et parfois tragique. Ces enfants à la vie souvent rude sont montrés sans complaisance dans leur vie quotidienne. Leur détermination, leur intrépidité, leur joie de vivre montrent la grande tendresse de ses personnages dont les conditions de vie et les paysages magnifiques nous sont présentés avec beaucoup de simplicité et de force.
Leur œuvre est une leçon de vie qui franchit toutes les barrières des cultures.
Pour Illusafrica
Le Président
Dominique Mwankumi